FR

EN

YouTube est-il écoconçu ?

Le streaming vidéo émet 300 Mt de CO2 par an, soit 1% des émissions carbonées mondiales. Cela équivaut à la moitié de l’impact du trafic aérien civil, mais cette proportion ne cesse d’augmenter. YouTube est responsable à lui seul d’environ 20% de ces émissions.

YouTube respecte-t-il les règles d’éco-conception ?

Sans juger du bien fondé des différents usages de la vidéo, qu’ils soient utiles ou futiles, ou des forces et faiblesses de YouTube, il convient de se demander si tout est fait en termes d’éco-conception pour que l’impact du service soit minimal. L’agence Temesis a étudié le sujet en profondeur et nous vous livrons ici ses principales conclusions.

Avez-vous une idée de ce qu’il se passe :

  • Quand vous intégrez une vidéo YouTube sur votre site web ?
  • Quand vous arrivez sur l’application YouTube en ligne et que vous vous mettez en quête d’une vidéo à lancer ?
  • Quand vous regardez une vidéo entière, entièrement ou jusqu’à la moitié, avant d’en lancer une autre, puis une autre ?

Intégration d’une vidéo YouTube

Une intégration YouTube dans une page web (i.e. coller le code intégrable d’une vidéo sur son site) appelle 9 domaines différents. C’est :

  • Au moins 20 requêtes.
  • 2,9 Mo décodés.
  • 880 Ko transférés.

Nous vous renvoyons à l’article de Temesis pour des explications détaillées.

Avant même que la première seconde de la vidéo ait été mise en mémoire, près de 3 Mo de données sont reçues et près d’1 Mo est envoyé. Dans ce qui est pré-chargé, il y a une image de couverture en haute résolution et… l’image de profil de l’internaute qui a posté la vidéo !

Notez que ces transferts de données se produisent autant de fois qu’il y a de vidéos YouTube intégrées dans une page: rien n’est mutualisé. De même, à chaque visite sur la page, tout est demandé à nouveau, rien n’est conservé localement (“en cache”).

Pour respecter le RGPD, si le dépôt de cookie tiers est bloqué (dans l’attente d’un consentement ou en l’absence de consentement), la plupart des ressources du player sont malgré tout chargées.

Une fois que la lecture est lancée, la vidéo se charge par petits bouts sans être conservée en cache local. De nombreuses transactions ont lieu pendant la lecture, dont environ un tiers des données transférées ne concernent pas directement la vidéo.

L’article suggère une méthode de compression des images de couverture qui permettrait à YouTube d’économiser entre un tiers et la moitié du volume de données transmises, mais qui n’est pas appliquée.

Lecture d’une vidéo sur YouTube

Nous avons évoqué l’intégration de vidéos dans un site web. Passons à la lecture d’une vidéo sur le site de YouTube. C’est en moyenne :

  • 77 requêtes,
  • 3,11 Mo transférés,
  • 15,3 Mo décodés.

Les deux points noirs en matière de bonnes pratiques d’éco-conception et d’intégration vidéo sont le démarrage automatique et le design addictif. Ils sont caractéristiques des réseaux sociaux, de YouTube à LinkedIn, en passant par Instagram ou Tiktok.

Ce qui est moins courant et pratiqué par YouTube sur ses pages, c’est la lecture automatique des vidéos au survol des vignettes. Qu’on les survole en allant d’un bout à l’autre de l’écran ou qu’on laisse traîner sa souris sur une vignette, les vidéos sont démarrées sans même être mises en cache. En d’autres termes, elles sont rechargées à chaque nouveau survol.

Les flux transmis par YouTube 

L’audio et la vidéo sont transmis séparément, de deux provenances différentes. L’audio est au format WebM et la vidéo au format MP4. Cela permettrait donc en théorie de ne diffuser que l’audio quand la vidéo n’est pas regardée, ce qui est un cas très fréquent comme nous l’évoquions dans cet article

Une étude de l’Université de Bristol a montré que Les vidéos musicales représentent 27% de ce qui est consulté sur YouTube, mais entre 10 et 50% sont simplement écoutées sans être regardées. Si l’audio était diffusé seul, la réduction d’émissions de gaz à effets de serre serait comprise entre 100 et 600 KT d’équivalent CO2 par an, soit 0,5 à 3,5 jours de circulation du parc Français de véhicules particuliers !

L’écoute du flux audio seul n’est proposée qu’aux abonnés Premium à YouTube Music. Une mesure simple de sobriété numérique est donc conditionnée à un abonnement payant.

YouTube n’est pas vert, et alors ?

En résumé, YouTube ne pratique pas un streaming responsable. C’est un contre exemple d’écoconception et son modèle va à l’encontre de la sobriété numérique. Lorsqu’un service est gratuit, ses utilisateurs peuvent dépenser sans compter : les vidéos obsolètes sont conservées à vie et on préfère la quantité à la qualité (car elle a un coût…). 

Le prix de cette gratuité, c’est donc toujours plus de datacenters construits, 60 MT d’eqCO2 émis chaque année et un changement des habitudes qui ne se fera pas, malgré les alertes du GIEC. Quand on demande à ses visiteurs de consentir à l’exploitation de leurs données personnelles par YouTube, on leur demande implicitement de consentir au réchauffement climatique.

Quand on est un particulier ou un influenceur qui cherche à faire le buzz, la puissance de YouTube comme réseau social et moteur de recherche le rend incontournable. Mais quand on est une entreprise, une administration ou une association, on a toujours le choix de son impact environnemental.

Illustration : image générée par visionarymarketing.com grâce à Midjourney

Partager ce post

S’abonner à ce blog

Saisissez votre e-mail pour vous abonner à ce blog et revevoir une notification de chaque nouvel article par email.